En collaboration avec SONIC PROTEST

Extraordinaire et sur_fascinant projet_quintet français inventeurs fous d’instruments absolument captivants, PANCRACE (auteur d’un sublime double album éponyme sur l’excellent label Penultimate Press) s’est formé en 2015 à l’issu d’une résidence dans l’Église Saint-Pancrace à Dangolsheim, village où réside l’inventeur d’instruments Léo Maurel. Leur esthétique/approche musicale se construit sur un rapport physique au son, allant de la recherche de timbres à l’utilisation de différents contextes de jeu dans leur rapport à l’espace. Par conséquent, les divers instruments de musique sont constamment réévalués tant par leurs usages que par leurs fabrications, donnant corps à des interventions sonores « in situ » à chaque fois ré_inventantes mais toujours formidablement stimulantes, avec une tension et approche audio-onirique touchant au merveilleux.

Pour PANCRACE, jouer avec la mécanique des instruments devient ainsi le point central de leur recherche musicale : exploration des relations entre le crin et la corde sur le violon de Prune Bécheau, des micro-tons offerts par différents doigtés d’une même note sur le uilleann pipes de Julien Desailly, des cordes d’un piano dont on a retiré le clavier par Arden Day, utilisation du rythme du trémolo sur l’orgue pour l’établissement d’une pulsation musicale par Léo Maurel ou des interférences électro-magnétiques sur les radios AM de Jan Vysocky… par exemple.

La force magique de PANCRACE réside dans l’investissement le plus optimal possible de l’acoustique du lieu dans lequel ils performent, s’adaptant/s’accordant/s’accaparant l’espace pour le faire également vivre/résonner/entrer en relation. Cette approche presque phénoménologique qui consiste à éprouver les limites des objets sonores et de l’espace devient magiquement troublante lorsqu’elle mêle les vents (orgue, appeaux, hulusi, pipe, etc) et les cordes (instruments dérivés de vielle à roue conçus par Léo Maurel, violon, piano) dans des espaces acoustiques singuliers avec un instrumentarium pour la plupart inventé/ré_inventé totalement inédit/inouï, offrant ainsi aussi son lot de poésie surprenante pour les yeux.

Un vraiment excellent et très excitant projet à l’approche réellement inouïe et dans le genre instrumetarium_inédit_poétique_captivant_pour_les_oreilles_aventureuses, hautement recommandé.

Et en première partie, un court solo « suspendu » du retenu guitariste anglais Jon Collin, pourfendeur de blues abstraits aux formes libres/improvisées, éthérées/espacées, minimalistes, voire droniques dans l’âme, utilisant, en live, son corps, sa respiration, son esprit, les cordes de sa guitare et peut-être un peu d’électricité. Une très belle approche abstract_quiet_blues qui n’est pas sans rappeler certaines plages du grand Loren Connors, emplies d’espace, de profondeurs, d’accidents, de parfois quelques interventions étourdissantes de cordes en grappes, tout en maintenant une beauté certaine acoquinée à de l’étrangeté, avec quelques réminiscences Faheyienne par moment. Une approche guitaristique se fourmillant subrepticement & imperceptiblement dans notre dos et conduits auditifs, resituant le primitivisme du genre à un étrange niveau d’intuition brute, acclamé par les critiques du genre et idéalement calme/posé/parfait pour entrer dans l’étrange univers de PANCRACE.

Plus d’infos :
PANCRACE :
https://cairos-edition.bandcamp.com/album/pancrace
JON COLLIN :
https://www.cafeoto.co.uk/artists/jon-collin/
https://earlymusic.bandcamp.com/album/the-nature