mercredi
20
mai
2015

POWERDOVE

Concert

MERCREDI 20 MAI – 21h00 (concert 21h30 !)

– Excellent & High Level Avant-Songs Superb/Marvelous Trio –

POWERDOVE (USA/France)

Annie Lewandowski (USA) : piano, accordéon, voix


John Dieterich (USA) : guitare Dobro, guitare électrique


Thomas Bonvalet (France) : vibration, percussions

Auteur de deux derniers disques portés aux nues par les presses spécialisées, (« Do You Brun » sur le label Circle Into Square et « Arrest » sur les labels Murailles Musiques/Aricantape), l’excellent et habité trio Powerdove délivre avec une maîtrise/profondeur éberluante un art fragile de la popsong idéale fait de paroles concises et poétiques, de mélodie attrape-coeurs et d’émotion directe le tout chahuté avec un naturel confondant par le vocabulaire hirsute des musiques savantes ou improvisées. Ballades dira-t-on, douces et dangereuses, sensuelles et porteuses de menaces, au sein duquel le chant terrien d’Annie Lewandowski (improvisatrice fameuse que l’on a notamment croisée aux côtés de quelques héros immortels comme Fred Frith, Charles Hayward, ou Chris Cutler), tisse des lignes claires tirées d’un geste sûr à l’orée du souffle, sans effet, sans vibrato, presque sans poumon, confèrant aux morceaux un réel sentiment d’intimité. Mais une intimité inquiète, grondante, à deux pas des radiateurs qui chuintent et des monstres qui se frappent le ventre sous le lit. Accompagnée d’un côté de Jonh Dieterich (membre de DEERHOOF et de COLOSSOMITE entres autres) qui, quand il ne tire pas de sa guitare électrique de très étranges accords clignotants alternant cadences baroques, abstractions pures et motifs avant-pop, fait résonner les harmoniques d’un dobro très peu orthodoxe ; et de l’autre côté, accompagnée par les coups de semonce d’un Thomas Bonvalet (Cheval de Frise, L’Ocelle Mare, croisé aussi avec Radikal Satan ou Arlt) toujours aussi bagarreur et tendre – bagarreur, parce qu’il faut l’entendre malmener son banjo désaccordé, faire aller ses boites à musiques saturées, taper des pieds, taper des mains, s’époumoner dans son orgue à bouche, faire grésiller, trembler et rendre gorge à tout ce qui lui tombe sous la main, y compris le temps lui-même.

Un résultat sur disque sur disque tout simplement superbe et immédiatement émouvant. Précédé d’une réputation à ensorceler d’entrés et sans répit l’auditoire en live, toute décision, geste et son compte dans ce très beau trio ; pas seulement, donc, les chansons en elles-mêmes, évidentes, un peu frêles, pas si éloignées en leurs fléchissements divers, leur justesse sans manières, leur honnêteté, de celles de Sybille Baier, voire de NICO par exemple. Mais aussi par le moindre bruit, le moindre souffle, le moindre râclement, traités avec la même intensité émotionnelle. Larsen, feedback, percussions arythmiques, distorsions, tout concourt à un très surprenant bruitisme affectueux et radieux, qui va droit au coeur et aux oreilles.

Powerdove délivre une musique entêtantes et maboule, exaltante parce qu’intrigante de bout en bout et profondément, « réellement » mystérieuse. Pas d’énigmes, pas de rébus, pas de surréalisme fastoche ici mais bel et bien la lutte commune de trois individus profondément engagés, qu’on sent là, partageant le même espace, tout en nerfs, en chair et en souffles tissés, avec ce qu’il faut d’aspérités, d’humeurs changeantes et de contradictions.

Un très beau et prenant moment de chansons expérimentales et un brin déglinguée en perspective. Délicat et rugueux à la fois et très très très fortement recommandé aux amateurs du genre.

Plus d’infos :

http://www.muraillesmusic.com/artistes/powerdove/