cave12
... programme | archives | ailleurs | contact


JEUDI 19 MAI - 21H30

DONALD MILLER/TETUZI AKIYAMA (Usa/Japon)

Donald Miller : guitare torturée et objets
Tetuzi Akiayama : guitare triturée et objets

Voici sans aucun doute une rencontre pleine de promesses réunissant deux des guitaristes les plus aventuriers et passionnants de la scène expérimentale internationale. Donald Miller, membre du légendaire brûlot-trio-bruitiste Borbetomagus, anarchique de la guitare, l'utilisant comme un monstre déversant réverbérations et feedback extrêmes dans un flot d'intensité brute rarement égalé. Tetuzi Akiyama, avouons-le, l'une de nos figures préférées, personnage attachant et clé de la scène onkyo japonaise. Capable du minimalisme le plus abscons ou du rock (oui, rock !) le plus sale et authentique qui soit. Auteur d'un de nos disques préférés 2004 (« don't forget to boogie », lp IDEA), fantastique hommage aux racines du rock. Et un travail plus général à la palette infinie, faite de résonances, feedbacks, maltraitances, douceur, frottements de cordes, saturations, bruitismes, retenues, etc...

Une rencontre, inédite, dont on se réjouit beaucoup ici. Un beau moment en perspective, ancré dans le blues, certainement, un blues dont il ne resterait que l'esprit ou le cri, un blues nauséabond et méconnaissable, extirpé de ses codes ou de son groove ; juste sa déchirure, un blues de l'au-delà et fantomatique, peut-être. Recommandé, en tout cas.


Donald Miller (usa)

Donald Miller est né en 1958 à Washington, DC et a commencé à pratiquer de la « guitare formelle » à l'âge de treize ans. Il bouge à New-York City en 1976, rentrant sur la bourgeonante scène d'improvisation-libre américaine avec un certain esprit de vengeance. En 1979, il co-fonde l'ensemble de live-électronique Borbetomagus avec les saxophonistes Jim Sauter et Don Dietrich, contexte dans lequel son approche de la guitare unique est largement reconnue. Depuis 1980, ils ont enregistré plus de 20 enregistrements acclamés par la critique, le plus souvent sur leur propre label Agaric Records. D'autres labels avec des enregistrements officiels de Borbetomagus incluent Cadence Jazz,Purge/ Sound League, Butt Rag (USA), PSF, Alchemy (Japon), Leo (UK) et Non Mi Piace (France). Le groupe a donné une douzaine douzaine de tournées aux Usa, Canada, Europe et Japon, comprenant des festivals tels que New Music America à Philadelphia et Cleveland; Actuel Music et the Second Annual Festival of Experimental Music à Londres, Angleterre; Musique Action à Nancy, France; Festival Musique Actuelle à Victoriaville, Québec; NoMusic 1999 à Londres, Ontario et NoMusic 2001 à New York City; Le Weekend à Stirling, Ecosse; et Adventures in Modern Music à Chicago.

Ils ont été désignés comme "l'une des unités musicales les plus puissantes de tous les temps à avoir loué notre surface planétaire" par le critique Byron Coley dans Spin's Alternative Record Guide.

Depuis 1984, Miller a aussi performé, tourné et enregistré avec le batteur free jazz William Hooker et/ou le saxophoniste Blaise Siwula dans une variété étendue d'ensembles. En 1988, il commence une série de collaborations duos et trios avec le violoncelliste Charles Curtis (protégé de La Monte Young et le compositeur Michael J Schumacher quelques fois sous l'apparence « all-guitar » du Donald Miller Trio. Exactement quatre semaines avant le 11 Septemre 2001, Miller quitte New York pour la Nouvelle-Orléans, Louisiane, avec sa femme et ses chats. Depuis début 2002, il a été le directeur musical de l'ensemble de danse Butoh The Death Posture, avec le guitariste Rob Cambre, et les danceurs Vanessa Skantze et Alex Haverfield.
Il a été qualifié par Thurston Moore (Sonic Youth) comme le guitariste «le plus cracké de l'univers connu».

Plus d'infos :
Borbetomagus
http://www.j51.com/~borbeto/
The Donald Miller Trio
http://www.klang.org/catalog-klang4.html
http://infosprout.com/warpodisc/flood.htm


Tetuzi Akiyama
(japon)

Né à Tokyo en 1964.
Tetuzi Akiyama est un guitariste expérimental unique mélangeant improvisation libre et noise. Au côté de la guitare, il joue aussi avec des dispositifs électroniques, du violon alto et des instruments faits maison.

Akiyama est devenu un fan enthousiaste de hard-rock lorsqu'il avait sept ans, et a commencé à jouer de la guitare électrique à l'âge de treize ans. Plus tard, il devient très intéressé à l'improvisation libre et à la musique classique. Il forme le groupe de musique improvisé Madhar en 1987. Il commence aussi à jouer du violon alto et forme le Hikyo String Quintet en 1994. Le groupe, qui jouait de la musique classique d'avant-garde improvisée, se constituait d'un violon alto, deux violoncelles et deux joueurs de violon, avec Taku Sugimoto au violoncelle. Akiyama a été également membre de Nijiumu, l'un des groupes du guitariste Keiji Haino. Il est enfin l'initiateur avec Taku Sugimoto et Toshimaru Nakamura de la célèbre série "meeting at Off Site".


« L'histoire de la musique est faite de ces musiciens restés dans l'ombre, dans un arrière plan, peut-être parce qu'ils n'ont jamais eu le goût pour les célébrations médiatiques, parfois parce qu'il a manqué à leur musique l'évidence d'une singularité, l'accointances à leur époque, ou encore parce qu'ils ont été les artisans discrets de figures plus charismatiques.

Tetuzi Akiyama est de ceux-là, de ces musiciens talentueux restés à l'écart d'une reconnaissance médiatique et de cette récente fascination pour la scène de l'improvisation japonaise, par trop d'humilité. Downtown Tokyo, la musique de Tetuzi Akiyama est décentrée de la tradition japonaise, jouée dans l'écoute d'albums d'importation de rock psychédélique made in USA, du krautrock et du blues. Sa musique s'est formée là, non pas dans la répétition de ce qui constitue formellement ces musiques, mais à la recherche de l'esprit d'improvisation qui les animait. Ce qui l'a conduit à jouer dans les clubs de la ville improvisant un rock free avec les figures les plus marquantes de la scène de Tokyo: K.K. Null, Keiji Haino, Taku Sugimoto, Chie Mukai, avec des membres de Ghost (notamment dans le Hikyo String quartet) et son groupe Madhar.


"Abstract Blues Concrete" duo avec Taku Sugimoto, rejouant dans le dénuement le blues jusqu'à l'abstraction, ce qui les amènera à fonder Mongoose avec Utah Kawasaki au synthétiseur analogique, dépassant l'idiome pour ne garder qu'une vibration sonore abstraite. Passage à l'électroacoustique et à ses bricolages, aux pratiques obliques, mise en perspective du son seul, débarrassé des mythologies du rock. La musique de Tetuzi Akiyama se rattache aujourd'hui à ce que la critique anglaise a défini par le terme générique de musique "Onkyo", à l'instar de celle d'Otomo Yoshihide, de Simpoh Yanagawa et de Toshimaru Nakamura (avec qui il improvise régulièrement lors de sessions au Bar Aoyama et à la galerie Off Site). Musique de vitesses et de lenteurs, de silence et d'écoute. John Cage disait que tout pouvait devenir de la musique grâce au microphone. Tetuzi Akiyama joue de la guitare, du violon alto, de la pedal-steel, d'instruments électroniques, et peut-être surtout avec des microphones, façon humble et curieuse d'ouvrir sur le monde secret des objets. Il suffit d'écouter son quatuor pour aspirateurs ou ses tables tournantes (platines) sur lesquelles tournent des feuilles de papier ou d'aluminium, la tête de lecture partant en feedback. Mais son instrument premier reste la guitare (ici acoustique), cordes tendues sur le bois et sa résonance particulière.

Pour "Relator", enregistrements solo pour le label de Taku Sugimoto "Slub Music", Tetuzi Akiyama a dû oublier les techniques aprises pour trouver des sons inédits, ouvrant sur de nouveaux territoires de jeux, l'accident. Creusant de façon radicale dans cette abstraction bancale entendue dans la musique du deep south (celle du primal blues & du hillbilly), poussée dans un extrême dissonant, feedback du monde moderne. Il y a une proximité avec l'univers sonore de Taku Sugimoto, ils n'ont pas donné autant de concerts ensemble, sans avoir quelque chose qui reste en partage. Des façons neuves. Il ne faut pas s'attendre à un disque qui serait constitué de ballades country ou bluesy, un truc d'hommages fait à une histoire, qui doit pourtant lui être familière. Si son jeu peut s'approcher de cette musique là, c'est à la manière de John Fahey, dans un jeu de déconstruction systématique, un peu comme si Blind Lemon Jefferson jouait sur un piano préparé par John Cage. »

Plus d'infos :
http://www.japanimprov.com/takiyama/


+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++[x]