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LA CAVE12 N'A PLUS DE TOIT; PARTICIPEZ A NOTRE ACTION !

Fin Juillet 2007 la Cave 12 n'a plus de toit, les habitants des squats Rhino et de la Tour non plus! 100 personnes sont à la rue; trois salles de concerts, une bibliothèque, un restaurant alternatif accueillant débats et réunions et une crèche disparaissent en l'espace de dix jours; les squatteurs passent pour des profiteurs et des délinquants; le droit à la propriété privée justifie un mépris total des personnes, voilà en un mot la situation.

Cher/Es ami/Es qui de près ou de loin avez eu à faire à l'un de ces espaces en voie d'extinction que sont ces lieux collectifs et autogérés à Genève,

Nous sollicitons votre participation à une action assez simple afin de ne pas rester sans mots devant l'éradication progressive de toute une culture.

Il s'agit d'écrire au plus vite un commentaire, une lettre ou d'aligner quelques mots, dessins... en réaction à ce sujet.

Par cette action, nous espérons alerter l'opinion et les pouvoirs publics du danger que représentent la perte de ces espaces culturels et l'anéantissement des propositions sociales qui en jaillissent.

Pour mémoire, vous trouverez ici un choix d'extraits d'articles et de revendications qui illustrent quelques-unes des bonnes raisons de maintenir en vie ces ilôts de résistance culturelle.

Afin de produire un effet de masse, ce qui compte c'est avant tout la rapidité de votre réaction. Pas besoin d'être un écrivain chevronné.

Nous nous chargeons de rassembler ces documents et de les transmettre aux responsables politiques, aux médias locaux et aux individus qui ont ordonné l'évacuation (les propriétaires, leurs avocats et le procureur général).

adresse mail: rhinocave12.org
adresse postale: Association Cave12, C/O Sixto, poste restante, 1211 Genève 11 Stand

(le plus vite est le mieux, mais les courriers sont les bienvenus jusqu'à fin septembre)

Merci !

CONSULTER LES COURRIERS RECUS ICI

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EXTRAITS D'ARTICLES ET DE PRISES DE POSITION

1. Eradication de la culture alternative
Anéantissement progressif de la culture alternative dans la plus grande indifférence, voire dans le mépris violent des autorités et d'une large part de l'opinion publique (cf. forum de la Tribune de Genève: www.tribune.ch)

« la mort de Rhino répondrait à une implacable loi naturelle, celle de l'air du temps. Le temps de la reprise en main: tolérance zéro, nettoyage des espaces autogérés, mise en conformité avec le droit, rien que le droit. Ainsi va le nouvel ordre genevois. »(R.Mounir, Le Courrier du 25.07.07)

« Imaginant la prochaine disparition d'Artamis et s'interrogeant sur sa propre place dans la cité, L'Usine déplore que ce désir d'un espace urbain aseptisé prenne le pas sur le formidable élan et les propositions culturelles et sociales que représentent un poignée de citoyens qui tentent de proposer des alternatives au mode de vie conventionnel et résistent à une monoculture de plus en plus dominante ». (communiqué de L'Usine, 25.07.07)

« l'évacuationde Rhino a porté un coup dur à la diversité culturelle genevoise: une perte sèche et incontestable. En effet, du Teatro Malandro d'Omar Porras - qui fit les belles heures du squat du Garage - à une scène rock, reggae et électro singulièrement vivace, née dans les entrailles de l'Ilôt13, du Manoir, du Goulet ou encore d'Artamis, sans oublier un glorieux «Cabaret d'Avant-guerre» qui émergea jadis sur la scène de la Cave12, on peine à imaginer une Genève sans ses marges insolemment fécondes.

Il fut un temps, pas si lointain, où une virée nocturne commençait avec un spectacle au Théâtre du Garage, embrayait sur une fiesta électro à l'Escobar et s'achevait du côté de «Chez Brigitte», avec sa faune bigarrée, voire, pour les plus résistants, derrière le vaillant baby-foot de la Tour (un concert rock sous les pieds). Fête, rencontres et créativité débridées, mais aussi projections, débats et publications artisanales, ont été pendant près de vingt ans les ingrédients d'une culture vivace et largement reconnue, en même temps qu'une soupape indispensable dans la normalité étouffante, à un jet de pierre du quartier des banques » (R.Mounir, Le Courrier du 25.07.07)

« À force de s'auto-nettoyer, Genève (qui pourrait aujourd'hui être rebaptisée « Amnésiastadt », tant son désir de renier ce dont elle s'est enorgueillie pendant de nombreuses années est aujourd'hui profond) deviendra peut-être la ville la plus propre d'Europe, satisfaisant enfin ceux et celles qui tentent de faire croire à la population que tout ce qui s'écarte des sentiers battus n'est qu'un terrain sauvage dont les mauvaises herbes gâchent le paysage et créent un terrain propice à l'expression d'une intolérable insécurité. »(communiqué de L'Usine, 25.07.07)

2. Evacuations-surprise : non-respect des procédures juridiques en cours.

« L'Usine dénonce cette nouvelle manière d'évacuation violente, inaugurée l'hiver dernier au Boulevard St-Georges à la Maison Blardonne, qui consiste à interpeller et arrêter les occupants sous le chef d'accusation de « flagrant délit de violation de domicile » pour faire constater l'absence d'habitants par un huissier et permettre le saccage des lieux pour empêcher toute nouvelle occupation, vidant sauvagement les affaires des anciens habitants.

Elle s'inquiète de cette manière de plus en plus autoritaire et sans appel de faire disparaître un à un les squats par des interventions musclées. Alors que même le Tribunal Fédéral préférait voir l'affaire Rhino se régler à travers la voie civile, l'attitude du procureur général Daniel Zappelli (qui a publiquement fait savoir qu'une de ses missions principales serait de « nettoyer » la ville de tous ses squats) et le silence des politiques à ce sujet ne peuvent que renforcer cette inquiétude. » (communiqué de L'Usine, 25.07.07)

« Les propriétaires et leurs défenseurs, le conseiller d'Etat Mark Muller en tête, ont su exercer leur hégémonie sur le monde politique et judiciaire, en menant le combat sur le plan idéologique. J'ai été frappé de voir comme on a déshumanisé les squatters de Rhino, réduits à leur statut de «profiteurs». C'est un peu la même méthode qu'utilise l'UDC avec les étrangers... Face aux «bons propriétaires» dont on occulte le rôle dans la spéculation et les hauts loyers, les squatters sont devenus les méchants qu'il faut casser. Demain, ce sera peut-être au tour de l'Asloca et des locataires demandant des baisses de loyer de passer à la casserole...  » (Carlo Sommaruga dans Le Courrier du 25.07.07)

3. Propriété privée versus droit au logement

(re: Rhino) « La presse romande se lâche avant l'heure contre ces «privilégiés» qui logent pratiquement gratis dans trois beaux bâtiments de la fin du XIXe siècle. Une véritable provocation envers les honnêtes gens. Envers cette Suisse qui se lève tôt pour s'acquitter de loyers qui s'envolent toujours plus hors de portée des classes moyennes. Classique retournement de responsabilité! Les vilains, ce ne sont plus les propriétaires qui profitent sans états d'âme de la pénurie pour s'enrichir, mais les quelques individus qui échappent au sort commun du locataire plumé. Peu importe que le «privilégié» vive avec 2000 ou 3000 francs par mois et que le malheureux propriétaire jongle avec les millions. Les braves gens n'aiment décidément pas que l'on suive une autre route qu'eux... » (Philippe Chevalier, Le Courrier du 21.07.07)

« On ne le répètera jamais assez: le logement n'est pas une marchandise comme les autres. Si l'acte d'occupation d'immeubles vides est en effet illégal sous notre législation, nous pouvons nous poser la question de sa légitimité. Notons qu'il n'en a pas toujours été ainsi: en Angleterre jusqu'à la fin des années 80 par exemple, c'était de laisser un immeuble vide qui était illégal! Rappelons surtout que dans tous les cas d'occupation d'immeubles - et Rhino est peut-être l'exemple le plus éloquent- les appartements ont été vidés de leurs locataires en vue d'opérations immobilères lucratives. Le droit au logement est un droit vital et inscrit dans la constitution. Lorsque le droit à la propriété privée justifie la spéculation immobilière en pleine période de crise du logement, il devient un droit problématique, pour ne pas dire scandaleux dont tous les locataires font les frais. La légalité, on le voit bien ici, n'est pas forcément l'expression du bon sens et des valeurs les plus élevées. » (Lettre ouverte de Marie Jeanson, Le Courrier et la Tribune du 27.07.07)

« Bien sûr, par principe, les squatters violent le droit à la propriété. Tout comme les bailleurs (certes pas tous, mais ils sont malgré tout légion) foulent au pied le droit du bail et s'asseyent sur le droit au logement en participant à la spéculation immobilière. Rappelons tout de même que lorsque ce fameux 9 novembre 1988, 50 personnes ont investi Rhino, celui-ci avait été laissé volontairement vide depuis dix ans à seule fin de faire monter les prix. A cette époque, un immeuble pouvait se revendre deux fois dans la même journée au double du prix initial. Au paroxysme de ce délire spéculatif, les créances sur le bâtiment de Rhino sont montées jusqu'à environ 20 millions de francs selon l'avocat du propriétaire actuel (32 millions de francs selon Rhino). Puis la bulle spéculative a explosé, et avec elle les propriétaires des immeubles de Rhino, - parmi lesquels un célèbre failli dénommé Jean-Pierre Magnin. Michael Schröder finira par récupérer les hypothèques du bâtiment contre 2,6 millions, grâce auxquels il a depuis acquis la propriété. Une bouchée de pain, pour trois immeubles qui en valent, au bas mot, le double ou le triple. Sans la ténacité - ou l'obstination, c'est selon - des squatters, le bon Dr Schröder aurait fait une excellente affaire. Une autre fois peut-être, on ne va pas se lamenter sur son sort. »(Philippe Chevalier, Le Courrier du 21.07.07)

4. Le bail associatif: mode d'emploi (projet Rhino)

Le bail associatif, qui est un contrat de bail signé entre un propriétaire et une association, sans passer par une régie, permet aux habitants d'avoir leur mot à dire sur la gestion de leur habitat (travaux de rénovation, entretien, création d'espaces communs et d'espaces publics, etc)

Il prône des loyers réellement bon marché. Le loyer doit être équivalant au coût d'entretien et des frais courant de l'immeuble et rien d'autre, surtout si l'objet en question est amorti depuis longtemps.L'autogestion va dans ce sens, la responsabilité de chacun, le travail fourni (participation aux travaux, conciergerie) permettent de juguler les frais.

Il favorise un art de vivre basé sur la cohabitation, le partage, l'autogestion et la responsabilité plutôt que sur le confort et l'individualisme. Les économies réalisées grâce au partage des frais permettent à chacune et chacun d'utiliser ses ressources pour des projets artistiques, humains et personnels.

Ce genre de projet à déjà fait ses preuves (surtout en Suisse alémanique mais aussi l'Ilôt 13). Ces lieux sont souvent cités comme modèle écologico-social (visites guidées d'architectes, d'écologistes et reportages télévisés y sont fréquement organisés).

5. La Cave12 : carrefour international des musiques expérimentales et improvisées

Depuis les travaux de l'hiver 1989, date où la Cave12 s'est affirmée comme scène des musiques expérimentales (c'est donc sans compter une année de concerts rock à un rythme effréné), elle a organisé près de 650 concerts.

Elle a multiplié les collaborations avec d'autres organisations culturelles:

En Suisse: l'AMR, Soyouz, le Spoutnik, Roaratorio, le Centre d'Art Contemporain, le Festival Archipel, le KAB, PTR, le ZOO, le CIP, l'AMEG, Duplex, L'ESBA, la Fête de la Musique, La Bâtie-Festival de Genève, l'Arsenic à Lausanne, La Rote Fabrik à Zurich, le BOA à Lucerne, La Case à Chocs à Neuchâtel, la Reithalle à Berne.

A l'étranger: Les Instants Chavirés à Paris, le 102 à Grenoble, l'apo33 à Nantes

On pourrait encore ajouter la liste des groupes qui se sont formés à la Cave12 ou les dizaines d'enregistrements live parus sur différents labels suisses ou étrangers.

La Cave12 a également produit deux disques: Juliki et Haikus Urbains, organisé des tournées: Tom Cora (USA), Ne Zhdali (Estonie), Ikue Mori (USA), Pied-de-Poule (F), Dunaj (Tchéquie), Neatopia (Japon), etc.

Quelques noms d'artistes d'envergure internationale programmés à la Cave12...
Tony Conrad, Keiji Haino, Merzbow, Christian Fennesz, Elliott Sharp, Otomo Yoshihide, Phill Niblock, The Ex, Blurt, Trevor Dunn, Lydia Lunch, James Chance, Eric Linder (Polar), Adrien Kessler, Les Reines Prochaines, Jacques Demierre, Vincent Barras, John Duncan, Charlemagne Palestine, Charles Hayward (This Heat), Eugene Chadbourne, Keith Rowe, Fred Frith, Tom Cora, Evan Parker, Phil Minton, Fatima Miranda, Peter Kowald, Ikue Mori, Half Japanese, Nicolas Collins, Zeena Parkins. Certains de ces musiciens ont travaillé avec des personnalités telles que Bjork, Heiner Goebbels, John Zorn, Robert Wyatt, Brian Eno, Arto Lindsay, Frank Zappa, l'Ensemble Modern.

... Sans oublier
le projet Juliki et le Cabaret d'Avant-Guerre, tous deux nés à la Cave12 et avec les habitants de Rhino.

6. pour mémoire...

D'autres lieux associatifs qui font ou ont fait la Genève d'aujourd'hui:

A Rhino encore: Créé en 1992, le Bistr'OK a organisé plus de 500 concerts. Il a servi une cinquantaine de repas à prix modique cinq midi par semaine depuis 1994. Enfin, il a accueilli régulièrement diverses petites ONG pour des forums de discussions et d'information et un grand nombre de soirées de soutien pour des causes diverses des quatre coins du monde.

L'Usine (cinéma Spoutnik, KAB, PTR, Théâtre de l'Usine, galerie Forde, le Moloko, Le Zoo, un studio d'enregistrement, un atelier de graphisme, un atelier de sérigraphie, un laboratoire photo, un salon de coiffure, un magasin de disques et des ateliers d'artistes - www.usine.ch)

Artamis (théâtre Le Galpon, l'Etage, le Shark, le Piment Rouge, K-bar, le café Alu, Le Poulpe bleu, Péclôt 13, Kinetik, la radio internet basic.ch, beaucoup d'ateliers d'artistes et d'artisans)

Ancienne Usine Kugler (env. 150 ateliers d'artistes et un espace d'expositions - www.espacekugler.ch)

L'Ilôt 13 (La Buvette, l'Ecurie, la Trocante, LO'13'TO, la maison des habitants et ses cours de chant, danse,etc., l'espace Milkshake agency, des ateliers, etc) - www.darksite.ch/ilot13

L'espace d'arts contemporains Duplex, La Galerie, Le Pachinko, Le 10bis, villa Tivoli, L'Imprimerie, les boulans, Planet22, Galerie Piano Nobile.

Sans oublier les disparus... Théâtre du Garage, Goulet, La Tour, Bar de la Lune, Fidèle casserole, Kaboulo, le p'tit bar, Chez Brigitte, Usine Bell, Escobar, Ephémère, Les Terreaux, Le Grenier, Le Conseil Général, Cave d'Argand, Galerie Coop à Pré-Naville, Madone Bar, L'Arcade, Le Fiasko, et tous ceux que l'on oublie ici...

Nous pourrions ajouter la liste très longue des artistes et autres personnalités publiques ayant débuté, travaillé, vécu dans des squats; et celle des institutions culturelles et autres organisations ayant eu recours aux squats pour l'hébergement de leurs invités.

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23-07-2007
Lundi 23 juillet 2007 vers 14 heures la police a fait irruption dans les immeubles de RHINO abritant la cave12 et a évacué tous les habitants, dispersant de manière totalement disproportionnée (canons à eau et gaz lacrymogènes) les quelques 500 personnes venues spontanément apporter leur soutien et manifester leur désaccord.

L'évacuation s'est faite sans avertissement et sans respecter les procédures juridiques en cours. Nous sommes ce soir 80 personnes à la rue, mais rien n'est terminé.

La mobilisation est plus que jamais nécessaire; elle continue demain et les jours suivants.

MERCI A TOUS LES SYMPATHISANTS, AMIS, SOUTIENS DE TOUTES PARTS TOTALEMENT UTILE! CONTINUEZ A VOUS MOBILISER! CELA NE S'ARRETE PAS LA! TOUT CONTINUE!

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Reportage
Le plus vieux squat de Genève a été évacué par la police
LE MONDE | 24.07.07 | Genève correspondance

C'est un lieu emblématique de la culture alternative genevoise, presque une institution, qui vient de disparaître. Lundi 23 juillet, le squat Rhino (Retour des habitants dans les immeubles non occupés), le plus ancien de la ville, installé depuis dix-neuf ans dans trois immeubles d'un quartier chic de la ville et reconnaissable à la corne rouge qui ornait l'une de ses façades, a été évacué par la police après quelques violents affrontements en fin de soirée.

Quatre-vingts personnes, dont dix enfants, y vivaient. Les lieux abritaient aussi un bar et une petite salle de concerts, la Cave 12, réputée dans le monde entier pour sa programmation de musique improvisée. Le tout géré dans une parfaite quiétude et propreté helvétique. Au printemps 2001, les lieux avaient été visités par Bertrand Delanoë, le nouveau maire de Paris, venu s'informer sur la tolérance genevoise en matière de squat.

La "doctrine" de l'époque, partagée par les autorités politiques et judiciaires, voulait que les squats ne soient évacués que si les propriétaires des lieux étaient en mesure de proposer un projet de rénovation, si possible pour des logements à loyer modéré, et que la justice le confirme par jugement.

Cette époque est révolue. Daniel Zappelli, le procureur de Genève, a ordonné l'interpellation des occupants de Rhino - une vingtaine de personnes présentes sur les lieux - sans jugement d'évacuation, sur la base d'une plainte pour violation de domicile et d'un arrêté administratif ordonnant que des travaux soient effectués dans les bâtiments.

Depuis son élection en avril 2002, M. Zappelli se félicite d'avoir fait passer le nombre de squats de 122 à 27, alors que Genève souffre d'une grave pénurie de logements. Les milieux de l'immobilier et la droite applaudissent, eux, au retour "du respect de la protection de la propriété". Une partie de la gauche socialiste, autrefois solidaire des squatteurs, s'est ralliée à ces arguments.

Voilà quinze jours que les habitants et sympathisants de Rhino craignaient une telle issue, après que le squat voisin de La Tour eut été vidé, le 10 juillet, de ses occupants. Leur avocat, Pierre Bayenet, dénonce une "opération scandaleuse et illégale", menée alors que des procédures étaient pendantes. Les squatteurs s'étaient adressés au tribunal des baux et loyers afin de faire reconnaître l'existence d'un bail tacite après dix-neuf ans d'occupation. "Durant cette période nous avons investi 1,5 million d'euros dans des travaux d'entretien et rénovations", explique Maurice Pier, porte-parole du collectif Rhino.

De son côté le propriétaire des lieux avait obtenu un permis de construire. A la place du squat, il est prévu qu'une vingtaine d'appartements privés voient le jour à l'automne 2008, loués durant cinq ans à des tarifs modérés. Le propriétaire en disposera ensuite à sa guise. "Il pourra les vendre à 900 000 euros pièce, réalisant une belle opération immobilière", prédit Maurice Pier.

Agathe Duparc
Article paru dans l'édition du 25.07.07


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05-07-2007

Communiqué de presse RHINO - 5 juillet 2007

Juillet-août 2007 : menace d'évacuation sauvage de RHINO

Selon des informations reçues en début de semaine, le Procureur général Daniel ZAPPELLI préparerait, en complicité avec le propriétaire Monsieur Michael SCHROEDER, une évacuation sauvage des habitantes et des habitants de RHINO pour la mi-juillet. Le propriétaire n'est au bénéfice d'aucun titre ou jugement qui lui permettrait d'obtenir l'évacuation de manière licite. Au contraire, une procédure en constatation de l'existence de contrats de baux est pendante par-devant le Tribunal des Baux et loyers, ce qui prévient toute évacuation légales tant qu'une décision à ce sujet n'aura pas été prise.

Par ailleurs, le Tribunal fédéral avait clairement indiqué que la voie à suivre pour obtenir l'évacuation des immeubles de RHINO était la procédure civile, que le propriétaire a d'ailleurs engagée, mais qui n'a pas encore aboutie.

L'opération devrait se dérouler de la manière suivante: dans un premier temps, la police arrêtera les habitants, en prétextant du flagrant délit de violation de domicile. Une fois l'immeuble vidé, les représentants des propriétaires, accompagnés d'un huissier de justice et d'une entreprise de déménagement, viendront constater que l'immeuble est vide, qu'en conséquence personne n'y habite, et videront les lieux de toutes les affaires qui appartiennent aux habitants. Les immeubles seront alors rendus inhabitables (vitres brisées, toilettes bouchées, plafonds arrachés, etc.) et ensuite surveillés par une société privée de sécurité, cela afin dâéviter que les habitants ne puissent revenir chez eux.

La complicité entre la police, agissant sur ordre du Procureur général, et le propriétaire, permettra ainsi de contourner les exigences légales en matière d'évacuation. Le prétexte du flagrant délit de violation de domicile est tristement risible, en particulier après dix-neuf ans d'occupation pacifique. Les habitants ont par ailleurs indiqué par écrit à Madame la Cheffe de la police qu'ils étaient prêts à se présenter spontanément à la police ou devant un juge pour répondre des accusations lancées contre eux. Leur arrestation a donc pour seul but de faire procéder à l'évacuation de leurs appartements, et aucunement de faire avancer une procédure pénale.

Ce type d'opération, qui a déjà été utilisé notamment pour l'évacuation de la maison Blardonne, au 11 Bd St-Georges, démontre l'immense capacité de nuisance d'un Procureur général qui se fait l'allié des grands propriétaires fonciers, en toute illégalité.

Les habitants des immeubles utiliseront tous les moyens possibles pour s'opposer à cette opération illicite, menée paradoxalement par le Procureur général, dont la fonction est justement de garantir le respect des lois dans la République et Canton de Genève.

Nous appelons la population genevoise à manifester son désaccord à lâégard des méthodes honteuses planifiées par le Procureur général et de soutenir les habitantes et habitants de RHINO.