Artiste sonore originaire de la région de Ladakh au nord de l’Inde, RUHAIL QAISAR vient de sortir un disque possédament hantant encensé par la presse spécialisée, « Fatima » sur le label lucernois/suisse Danse Noire, sorte d’exposition/exploration psychogéographique himalayenne à base de profonds drones ambient, d’enregistrements environnementaux et d’à-coups harsh-noise formidablement incisifs, tissant une chronique agitée et inquiétante de l’exploitation capitaliste et des traumas générationnels qu’elle engendre.

Explorant les confins de la mémoire et la sèche décrépitude_traumatisme sinistrée de certains pans de l’inconscience humaine propre à la région de Ladakh par le biais de gestuelles poétiques et de chaos mutilant/mutilé, RUHAIL QAISAR retransmet des événements/faits vécus de la vie réelle mêlé aux mythologies locales en des collages sonores profondément absorbants et hantés/hantants, tel un requiem pour un futur déjà mort.

Plages sonores perturbantes, vibrations spasmodiques post-industrielles et power-electronics cruels se juxtaposent en un cri/hurlement convulsif, empli de dissonances et générant un puissant sentiment de colère, de peur et d’aliénation. Une plongée dans les abysses acerbe/amère, écrasante, éraflante, bombardante par moments, où se côtoient la terreur d’une population tyrannisée non seulement par l’occupation militaire mais également par l’industrie destructrice du tourisme de masse, les émeutes, la violence, la colonisation, le non-emploi, les troubles-stress post-traumatiques et l’abus en général.

Un travail incroyablement fort et prenant, résolument noir_dark mais ô combien subjuguant, bouillonnant de tumultes discordants, de dynamiques/atmosphères diverses, de menaces murmurées, de furie sifflante et/ou de distorsions aboyantes clamant sans fioritures: «The Western Civilization Show has been discontinued ». Un constat puissamment non édulcoré et intensément recommandé.

Avec, en complément et première partie de soirée, le fantastique retour ici de l’insondable et totalement inarrêtable/imprévisible phénomène_bombe anglaise-nomade ELVIN BRANDHI (qui apparaît – et de quelle manière! – sur le disque de RUHAIL QAISAR).

Un véritable haut_plaisir non dissimulé de re_re_recevoir ici cet obus d’énergie sonique tellurique incompressible totalement unique en son genre, tant ELVIN BRANDHI dévaste absolument tout sur son passage à chaque apparition avec un état d’urgence_immédiateté percutant en mouvement perpétuel constant, ne restant jamais à la même place (géographiquement et soniquement/artistiquement) surprenant à chaque fois et les organisateur.trice.x.s et le public. Amoureuse inconditionnelle de notre chère cave12, celle-ci le lui rend bien avec une frénésie_excitation trépidante/trépignante à fleur de son en l’accueillant avec régal, toutes oreilles ouvertes.

En résidence d’une semaine juste avant avec RUHAIL QAISAR à La Becque/Tour-De-Peilz, avertissons-nous/vous: nous ne somme pas à l’abri d’un duo-surprise final inattendu, mais ça, seul le moment_présent nous le dira.

Un intensément prenant et excitant mercredi soir en perspective en tout cas ici, qui plus est enrubanné par les passages de disques des incompressibles OFFICE DE PUTE, yeah!

Plus d’infos:
RUHAIL QAISAR:
https://ruhailqaisar.bandcamp.com/album/fatima
https://ruhailqaisar.bandcamp.com/
ELVIN BRANDHI:
https://shapeplatform.eu/artist/elvin-brandhi/