samedi
16
décembre
2006

Tony Buck/Axel Dörner + Paal Nilssen Love/John Butcher

Concert

SAMEDI 16 DECEMBRE – 21h30

DEUX DUOS (dans le cadre du festival BATTERIES!)

TONY BUCK / AXEL DÖRNER (Australie/Allemagne)
Tony Buck (Australie): batterie
Axel Dörner (Allemagne): trompette
+
PAAL NILSSEN LOVE /JOHN BUTCHER (Norvège/Uk)
Paal Nilssen Love (Norvège): batterie
John Butcher (Uk): saxophone

Dans le cadre du Festival BATTERIES! organisé par le CIP

Du 14 au 16 décembre le CIP met la batterie en émoi avec pas moins de neuf concerts disséminés dans la ville (AMR, USINE, MAISON DE LA RADIO, CAVE12)…

A cette occasion la cave12 accueille une soirée placée sous le signe de l’improvisation libre. Les quatre musiciens présents, deux batteurs et deux souffleurs, font partie de la crème des improvisateurs européens : leur travail cherche à dépasser les possibilités acoustiques de leur instrument. La formule du duo, propice à une sensible confrontation musicale, permettra des moments d’intenses et surprenantes élaborations sonores.

TONY BUCK (BATTERIE, AUSTRALIE)
AXEL DÖRNER (TROMPETTE, ALLEMAGNE)

Le batteur australien Tony Buck et Axel Dörner, trompettiste, travaillent en duo depuis plusieurs années et se produisent régulièrement en Europe et en Australie. Le disque Durch und Durch, point culminant de leur association est édité sous le label TES. Déjà connus du public genevois par leurs apparitions lors de différents concerts présentés à l’AMR et à la Cave12 (Alexander von Schlippenbach’s Monk Casino, Otomo Yoshihide New Jazz ensemble, Kletka Red…), les deux musiciens se produiront à Genève pour la première fois en duo.
Australien mais Berlinois d’adoption, Tony Buck, est un batteur remarqué pour son travail avec le trio de jazz australien The Necks. Il est aujourd’hui l’un des chefs de file du mouvement de musique improvisée européen avec notamment « self_contained_underwater_ breathing_apparatus », un disque solo réalisé en 2002 qui a fait l’unanimité de la critique grâce à son énergie et son discours visionnaire. Son jeu dénote une virtuosité rythmique et une sonorité puissante et chaleureuse et constitue le moteur de the Necks. On le remarque également au sein de Kletka Red, projet de rock kletzmer dirigé par le guitariste estonien Leonid Soybelman à la fin des années nonante.
Tony Buck développe avec sa batterie un style riche en textures et en couleurs. La frappe traditionnelle est camouflée dans un amas de micro-rythmes qui se superposent. Ces couches additionnelles forment ainsi des tissus de timbres souples et malléables.

Axel Dörner est l’un des musiciens européens les plus respectés de la scène actuelle improvisée, grâce à sa technique de trompette ultra étendue et son utilisation totalement inusitée des timbres et du souffle. On a pu le voir régulièrement aux côtés des plus grandes stars de la musique improvisée d’aujourd’hui, tels Evan Parker, Sam Rivers, Alexander von Schlippenbach, ou encore Zeena Parkins, John Butcher et Otomo Yoshihide. Ses mélanges inédits de techniques minimales rappellent les éléments électro-acoustiques, sans avoir recours à des instruments électroniques.
La musique de ce duo est très différente de tout ce que les deux musiciens ont pu réaliser séparément. Elle fusionne comme des plaques tectoniques de différentes densités, se mouvant au travers de sonorités intriquées et complexes, transparentes et fragiles. Le titre du disque, « Durch und Durch » (litt. à travers et à travers), traduit l’image d’une coulée d’air traversant un large océan sonique. Un flux où des grattements de baguettes sur une cymbale et des résonances métalliques intermittentes se distinguent des ondes sinusoïdales créées par le trompettiste. Une version moderne de la Klangfarbenmelodie de Schoenberg ?

PAAL NILSSEN LOVE (BATTERIE, NORVEGE)
JOHN BUTCHER (SAXOPHONE, ANGLETERRE)

John Butcher et Paal Nilssen Love se sont rencontrés alors que Paal Nilssen Love jouait en première partie d’un concert de John Butcher au festival Norvégien Blå en 1999. Les deux musiciens réalisent un travail en duo qui donne lieu à tournée ponctuelle en Scandinavie en 2002. Un premier opus discographique, enregistré en concert pendant cette tournée, verra le jour sur le label clean feed à la fin 2006.
A Genève, le public a déjà eu l’occasion de découvrir John Butcher au sein de son remarquable trio avec le clarinettiste Xavier Charles et le trompettiste Axel Dörner. Paal Nilssen Love s’est produit lors d’un mémorable concert du trio The Thing en décembre 2004 à l’AMR. Le concert présenté au Festival BATTERIES ! offrira une des très rares occasions de retrouver les deux improvisateurs réunis ensemble sur la même scène.

Depuis les années nonante, une nouvelle génération de musiciens a fait son apparition sur la scène jazz norvégienne qui était représentée jusqu’à présent par Jan Garbarek, Terje Rypdal, Jon Christensen, Arild Andersen et Karin Krog. Parmi ces jeunes talents créatifs, le batteur Paal Nilssen-Love, né en 1974 à Stavanger, fût dès son plus jeune âge confronté au jazz puisque ses parents ont géré le jazz club local jusqu’en 1987.
Paal Nilssen Love est déjà considéré depuis plusieurs années comme l’un des batteurs de jazz majeurs de la scène actuelle. Extraordinairement actif, sa discographie ne compte pas moins de 70 disques et ses projets musicaux réguliers sont au nombre de dix-sept. Paal travaille entre autres avec les principaux acteurs de la scène jazz et improvisée scandinave tels que Mats Gustafson, Frode Gjerstad, Sten Sandell, Lasse Marhaug et les groupes Atomic, The Thing et Scorch trio, mais aussi avec des artistes internationaux aussi importants que le saxophoniste de Chicago Ken Vandermark ou la légende free jazz Peter Brötzmann. Il poursuit parallèlement un travail en solo qui occupe, selon ses propres termes, une place importante dans son développement musical. Paal est également créateur du Festival all ears à Oslo, événement dédié à la musique improvisée. Sur scène, le batteur développe une puissance explosive peu commune alliée à un sens réel de la forme et de la communion sonore d’un groupe. Très expressif, son jeu libre de toute convention est capable de passer du plus haut niveau d’énergie à de fines sonorités de percussion, faisant de Paal Nilssen Love un musicien aussi innovant que versatile.

Responsable du label Acta, John Butcher, né à Brighton dans les années cinquante, apprend le saxophone en jouant dans des groupes de jazz locaux, alors qu’il est encore étudiant en physique à l’Université. Bien avant de commencer à enregistrer des disques dans les années quatre-vingt, il pratique simultanément le jazz, l’improvisation de groupe et l’interprétation contemporaine. Il construit un nouveau vocabulaire issus de nombre de sonorités difficilement accessibles : sifflements aux frontières de l’audible, claquement de clés, cris stridents ou ébullition aquatique. Dans les mains de John Butcher, le saxophone peut prendre une infinité de formes sonores, du morceau de métal frappé de capsules et de valves à un système d’interférence d’ondes sonores hermétiquement isolé, un paysage de sons miniaturisés jalonné d’agrégats de notes en constant mouvement, ou un immense espace résonnant administrant une forte dose d’écho à chaque nouvelle respiration.
On le retrouve en solo, trio avec John Russel et Phil Durrant, et au sein d’ensembles tels que Company, King Übü Orchestrü, GrübenKlangOrchester, Ohrkiste, Polwelschel.

En duo, lors de longues formes improvisées, les deux musiciens explorent tous les niveaux possibles de volume, timbre, densité, tout en respectant un besoin commun d’espace et de respiration, faisant aussi intervenir le silence comme composante formelle de la musique. Autour d’une note pivot vibrée dans une longue tenue, le saxophoniste parvient à faire sortir de son instrument un spectre harmonique d’une incroyable richesse.